La délivrance by Laura Collins

Auteur:Laura Collins [Collins, Laura]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Romance, Fantastique
Éditeur: Éditions Alter Real
Publié: 2020-11-13T04:00:00+00:00

Chapitre 18

Meallan

Ils m’attendaient tous. Immobiles. Un sentiment puissant monta en moi : appartenance à la meute, amour, reconnaissance. Ils étaient là, fidèles et surtout avides de contact. Tous vinrent se frotter à moi. Seul le loup le plus imposant restait en retrait. Comme s’il surveillait la scène. La présence de mes compagnons l’arrêtait sans doute. Je m’avançai vers lui, poussé par un instinct que je ne m’expliquais pas trop. La horde referma la marche derrière moi tandis que l’alpha se détournait et m’entraînait un peu plus loin. À l’écart des humains. Je me rappelai alors que mon père les retrouvait aussi, loin du village où nous vivions. Je l’avais accompagné, perché sur ses épaules pour jouer avec les louveteaux.

La main dans sa fourrure, j’avançai de quelques mètres, confiant. On aurait dit que le loup me distillait les forces nécessaires. Je tenais mieux sur mes jambes, même si mon esprit flottait entre deux eaux. Comme ivre de fatigue et d’un sentiment unique et nouveau que je n’identifiais pas, je marchai pas après pas, dans l’obscurité environnante. La voix assourdie de Jehan me parvint. Je répondis quelque chose de rassurant et poursuivis ma marche vacillante. Je perdis la notion du temps et les rares repères que j’aurais pu prendre autour de moi. J’étais juste au milieu des loups, à ma place. Quand ils s’arrêtèrent, je tombai sur le sol, le souffle court, désireux de fermer les yeux et de dormir. Je sentis une chaleur incroyable me cerner. C’était doux, rassurant, suffisant pour que je me laisse aller et qu’ils me gorgent de leur force, avec une loyauté extraordinaire. J’étais eux, ils étaient moi. Une vibration surprenante monta alors du sol et accompagna ce moment de plénitude où je me crus flotter au-dessus de mon propre corps. Je planais, et en même temps, je sentais chaque parcelle de mon corps pétiller ! Je perdis pied avec délice.

Quand je rouvris les yeux, de gros nuages blancs défilaient à toute allure dans le ciel bleu, et les cimes des arbres se balançaient. Je mis de longues secondes à comprendre ce que je faisais là. Les irrégularités du sol devinrent désagréables, le froid ambiant se fit plus prononcé. Trois loups se trouvaient non loin de moi, comme s’ils montaient la garde. Je me redressai sur mes avant-bras et examinai les alentours. La forêt, rien que la forêt, avec des rochers éparpillés, des hautes fougères qui me bouchaient l’horizon et des buissons touffus. Une fois sur mes jambes, je regardai plus loin. D’où étais-je venu ? Où se trouvait l’abri de mon père ? Jehan et les autres allaient s’inquiéter. Je devais les retrouver et vite, avant qu’ils ne prennent de nouveaux risques. Je me hasardai vers le coin le plus escarpé et cheminai, suivi de mes compagnons silencieux. Mais plus je progressais, plus le paysage devenait changeant, me faisant regretter mon choix.

La forêt devint plus clairsemée, le sol plus praticable et surtout apparut devant moi une construction qui me figea sur place. Encore lointaine, elle ressemblait à l’abbaye fortifiée dont parlait mon père dans son carnet.

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